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1/ Les toilettes à litière bio-maîtrisée
Les Toilettes à Litière Bio-maîtrisée
Qu’est-ce que c’est ?
Lors de nos différentes expéditions en éco-lieux, nous avons découvert que tous utilisaient des toilettes à litière biomaîtrisée, ( plus usuellement appelées « toilettes sèches » ). Les TLB se différencient des toilettes à chasse d'eau du fait qu'elles n'utilisent pas d'eau. A la place on recouvre les «présents rendus à la nature » d'une litière sèche type sciure de bois, ce qui permettra par la suite d’obtenir un compost naturel.
Une problématique : le gaspillage de l’eau et son traitement
L’économie et la gestion de l’eau sont un des challenges écologiques majeurs de notre époque. Pourtant, le moyen servant à chasser nos déjections constitue une perte d’eau incroyable ! Nous utilisons en effet chaque jour de 16 à 40 litres d’eau potable (suivant type de chasse d’eau), pour véhiculer 1,5 litre de déjections par personnes. Un gaspillage d’autant plus absurde, du fait que le traitement de ces eaux par des stations d’épuration (60% de la charge des eaux à épurer provient des toilettes), augmente la dégradations des écosystèmes aquatiques et des eaux souterraines, et constitue un manque à gagner désastreux pour les sols.
Car nos déjections sont des grandes sources de richesse en éléments minéraux, nous le verrons plus tard. Et c’est uniquement une fois épurées par ces stations qu’elles deviennent des charges polluantes. En effet, l’azote et le phosphore contenus dans nos déjections se transforment après épuration en nitrates et en phosphates. Et ce sont ces nitrates et ces phosphates rejetés en excès qui polluent les eaux des rivières et des côtes.
Ces pollutions qui se caractérisent en "marées vertes", en bactéries toxiques et en virus engendrent un déséquilibre pour la faune et la flore aquatique, des risques pour la santé animale et la santé humaine, un surcoût de production de l’eau potable, des préjudices pour les éleveurs de coquillages et de poissons, des interdictions de pêcher ou de se baigner et une mauvaise image pour le tourisme. Les origines de cette pollution sont aussi partagées par les rejets des déjections animales des exploitations agricoles qui utilisent également l’eau comme moyen d’évacuation et d’épandage.
A ce scandale écologique, nous pouvons ajouter les nuisances générées par les stations d’épurations à leur voisinage : odeurs nauséabondes, bruit, coûts effarants pour construire et gérer ces stations, qui alourdissent les impôts locaux. Sans oublier les dysfonctionnements de certaines stations où l’eau des bassins d’épuration déborde et s’écoule directement dans la nature.
Les toilettes à litière biomaîtrisée
Le principe des TLB est donc de ne plus utiliser d’eau, et de la remplacer par deux louches de sciure ou des copeaux.
Nos excréments sont riches en azote, en phosphore et en carbone. Or, les cycles de ces trois éléments sont principalement terrestres. De ce fait, leur recyclage doit être réalisé par compostage, afin de contribuer au renouvellement de l'humus, qui est le seul garant de la fertilité pérenne de la terre, donc de notre alimentation et de notre santé.
De plus, la sciure, va absorber l’excès d’humidité générée par les urines
Et ça ne sent rien ! Car la matière végétale sèche qui recouvre les déjections bloque tout dégagement d’odeur ! En effet, c’est la transformation de l’azote organique des excréments en ammoniac, sous l’action d'enzyme bactérienne naturellement présente , qui est responsable du dégagement des odeurs fortes et persistantes. Or, la litière offre un support carboné colonisé par d’autres bactéries qui utilisent l’ammoniac pour leur croissance et limitent ainsi son dégagement. De plus, on ne « voit » rien, puisque nos déchets organiques sont recouverts de matière végétale…
Comment construire des TLB ?
L’auto construction de toilettes sèches est souvent l’occasion d’exprimer votre créativité. Globalement et de façon non exhaustive, on retrouve une lunette de toilette et un récipient, un seau à sciure et une louche. On peut ensuite créer une caisse en bois avec couvercle percé sur charnière sur lequel on fixera l’abattant et dans lequel on glissera le récipient. On peut également réadapter la pièce des toilettes ou construire une cabane dans le jardin … (cf. photos sur le site).
L’emplacement choisi pour les toilettes sèches est à votre convenance, en fonction des usages. Ne nécessitant aucune canalisation d’arrivée ni évacuation d’eau, les toilettes sèches peuvent s’installer facilement et indifféremment :
- à l’extérieur : réhabilitation d’une cabane existante, facile à la belle saison lorsqu’on est souvent à l’extérieur (jardin…).
- à l’intérieur : pour plus de confort et la proximité, les TLB peuvent se placer dans la salle de bain ou à la place des anciennes toilettes à eau.
- mobile : certains modèles, compacts et portatifs, permettent de la mettre ou on le souhaite en fonction des besoins (chambre, annexe, caravane…).
L’idéal est d’avoir les deux, à l’extérieur pour une utilisation saisonnière, à l’intérieur pour le quotidien, le confort, la nuit…
Et c’est même possible d’en avoir en ville ! Le tout étant de prévoir un mode de vidange, particulier ou collectif (si plusieurs dans l’immeuble, dans la ville…) et un lieu de vidange (particulier, agriculteur, déchets verts..)
Exemple de toilettes sèches d'extérieurs auto-construites, aux Gilats et à Ecolonie
Exemple de toilettes sèches installées à l'intérieur,la trappe de gauche contient la sciure et le bac peut être récupéré par l'extérieur par la trappe vue sur la photo de droite (vu aux gilats)
Comment gérer le compost issu des toilettes sèches ?
Lorsque le récipient est plein, on le vidange (couvercle + paire de gants pour le transport) sur un tas de compost en l’étalant avec une fourche sur la surface du compost, puis en le recouvrant de matière ligneuse et carbonée (paille, tonte, broyat de végétaux). Le seau est ensuite rincé et frotté à la brosse, l’eau de lavage vidée également sur le compost.
Si le compost est complètement clos et inaccessible aux animaux (chat, chien…), n’hésitez pas à mélanger déchets de cuisine et de jardin. Dans le cas contraire, prévoyez deux tas distincts pour permettre aux animaux de grappiller croûtes de fromage et gras de jambon sans mettre les pattes dans le compost des toilettes sèches. Vous pourrez les mélanger dans un second temps, en le brassant et formant un nouveau tas en andain où vous alternerez, façon millefeuille, compost toilettes sèches, tonte, orties, consoude, prêle, compost de jardin et de cuisine... Le tas sera complètement recouvert d’une épaisse couche de paille et laissé à composter au moins un an (dont un été). Ce terreau riche issu du compostage pourra être utilisé sur les arbres, fleurs ou potager.
Exemple de compost obtenu après 1 an de compostage (Ecolonie)
Mais alors, il n’y a que des avantages ?
Et oui, d’un point de vue écologique, c’est moins de gaspillage d’eau potable (env. 14m3 par personne et par an), moins de pollution en amont donc moins d’eau a épurer, et un enrichissement de la terre grâce à nos présents rendus à la nature : un compost qui permettra un humus riche. Au niveau de l’économie, si l’on considère que le prix du m3 d’eau est d’environ 2€, une famille économisera de 60 à 140€ suivant son type de chasse d’eau. Sans compter qu’il n’y aura jamais de problèmes de fuites ou de canalisation bouchée !
Questions :
Quel papier utiliser ?
On peut mettre le papier dans le compost, c’est du carbone. Le choix du papier est à votre convenance même si nous vous conseillons de le préférer non coloré et non blanchi.
Où trouver la sciure ?
Les frais d’approvisionnement en matière végétale sont nuls ou quasi-nuls. Si vous ne parvenez pas à obtenir de la sciure de bois gratuitement, vous paierez environ 1 € le m3, soit à raison de 2 m3 de sciure par personne par an, cela fait 8 € par an pour une famille de 4 personnes.
Et au niveau de la loi ?
L'article 3 de la Directive Européenne 91/271 stipule que "Lorsque l'installation d'un système de collecte ne se justifie pas, soit parce qu'il ne présenterait pas d'intérêt pour l'environnement, soit parce que son coût serait excessif, des systèmes individuels ou d'autres systèmes appropriés assurant un niveau identique de protection de l'environnement sont utilisés." ouvrant le chemin des toilettes sèches pour toutes les personnes qui s'installent et ne souhaitent pas rejoindre un système d'assainissement collectif.
Références :
La pratique du compost et des toilettes sèches. Éric Sabot. Éditions la maison autonome. Toute les explications sur le fonctionnement du sol et l'importance du compostage...
Un site archi complet sur le sujet, présentant les travaux de Jean Orzhag, spécialiste de ces thèmes :
http://www.eautarcie.com/index.html
Très bon site sur l’éco-construction avec une partie sur les toilettes sèches avec de nombreux liens + enquête sur les utilisateurs de toilettes sèches en France
http://www.habitat-ecologique.org
Et du coté d’ekopedia et wikipédia ?
http://fr.wikipedia.org/wiki/Toilettes_sèches
http://fr.ekopedia.org/Toilette_sèches avec, en lien, une technique de fabrication de toilettes sèches.
Passerelle eco nous offre également un excellent article http://www.passerelleco.info/article.php?id_article=341, ainsi que d’autres en liens.
Comment en est-on arrivé là ? Une sur notre relation à nos déjections
http://www.eautarcie.com/Eautarcie/5.Toilettes_seches/D.Nos_dejections.htm
Ils en parlent également :
http://www.toiletteacompost.org/
http://www.consoglobe.com/bp92-2768_toilettes-seches-soulagez-environnement.html
http://www.econo-ecolo.org/spip.php?article1043
http://www.eco-bio.info/ouaterre.htmlCe blog relate le passage d'une famille de toilettes normales à des toilettes sèches intérieures. Très instructifs pour les sceptiques de ce système à l'intérieur.
http://www.eauvivante.net/index.php
http://www.toilettesdumonde.org/
Ils en commercialisent pour chez soi ou pour un événement spécial:
http://www.ecolette.net/
http://www.labelverte.org
http://www.tlbdurhone.over-blog.com
http://www.gandousiers.com
http://aquaterre.canalblog.com/
http://www.saniverte.fr/
la shit box est une toilette sèche en carton